lundi, décembre 26, 2005

la quête


Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile

Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux

Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile.


Jacques BREL

mercredi, décembre 14, 2005

"L'Insoutenable Légèreté de l'Etre"


Que le grand cinéphile me croque: cette scène m'est revenue en mémoire.
Dans "L'Insoutenable Légèreté de l'Etre" adapté de Kundera avec Daniel Day Lewis et Juliette Binoche.
A Prague, forcément au printemps, Juliette (Tereza) l'appareil à la main, dans les rues et puis plus loin, dans cet appartement sous les toits, où elle découvre une Lena Olin (Sabrina) voluptueuse et que,la jalousie le cédant à la curiosité puis à l'envie, par l'intermédiaire de l'objectif, elle poursuit à travers la chambre et mitraille: les voiles, les lumières, le jeu des regards suspendus.

j'ai gardé toute cette scène en mémoire comme un moment d'émerveillement.

J'ai oublié le nom du réalisateur...

mercredi, décembre 07, 2005

ego et eros

Ego et Eros nous mènent en bateau
Mon plan Q tombe à l’eau,
Qu’est-ce qui me reste ?
Pathos et Thanatos sur la rive
Qui s’en paient un tranche
Et, me voyant boire la tasse
A grandes goulées, prennent les paris :
Pathos dit que ça me prendra du temps
Et que ce sera pénible de regagner le bord
Thanatos attend son heure sûr de lui
Heureusement, je sais toujours faire la planche
(pour une fois que ça me sert)
je me laisse aller au fil de l’eau
et j’abandonne en arrière
Eros qui rame comme un fou
Et Ego qui se la raconte .






Il faut faire très attention au choix de nos symboles, l’avenir en dépend.
Quand on sait qu’une société peut se construire avec toute sa morale et ses valeurs, et nous fabriquer 2000 ans d’histoire à partir de la malheureuse expérience d’une femme à qui on a fait, sans son consentement préalable, un gosse, que par dessus le marché on est venu lui reprendre pour planter des clous dedans! Ca donne à réfléchir.
Quand le modèle ressemble à ça, comment s’étonner que la planète entière soit à feu et à sang, que les conflits se règlent à grands retour de baffes (une - deux)ou à grand renfort de troupes (une - deux) et que les rares paradis qui restent sont fiscaux – donc construits sur le labeur des plus faibles, pour le bénéfice des plus paresseux (et une –et deux – et l’autre paupière) ; on pourrait bien se payer le luxe de quelques minutes de réflexion .
Le problème majeur c’est d’élaborer un système puissant, mais qui puisse être compris par le plus grand nombre. Point n’est besoin d’en tartiner des tomes entiers, qu’il faudra sans arrêt mettre à jour, pour finir, avec le temps par ne plus rien comprendre à l’histoire du départ, et là, perte de sens total, chute de la motivation et de là chacun fait bien ce qui lui plaît et exclusivement ça, d’où friction, conflits...

Le mieux, reprendre du début : c’est donc la destinée d’une femme à qui on a, gentiment demandé si elle envisageait d’avoir un enfant, et si oui, si elle a une idée de qui elle choisirait pour le faire ...
C’est pas plus prometteur, ça ?

ascendance

Une leçon apprise au détour d’évènements curieux, et dont le sens n’éclate que maintenant. Etre prête à l’entendre... de soi-même.
Permettez que je vous transporte avec moi quelques instants dans le secret d’une chambre d’hôpital, pas même au chevet du malade, juste seulement dans cette chambre, assister à un spectacle de toute Beauté.
Le tableau n’est pas très ragoûtant c’est la maladie et la perspective de la mort, c’est l’incontournable impuissance qui nous colle au corps, être là, sans que ni présence, ni volonté n’y puisse rien changer. C’est la jeunesse dévorée de l’intérieur qui s’est longuement battue contre, qui s’est révoltée, débattue, qui a voulu nier, qui a hurlé, puis prétendu n’en avoir rien à faire, qui a ri de toutes ses dents de toute sa gorge, qui a jeté des regards affolés alentour, mais rien n’y a fait. Ensemble, vous avez attendu le miracle, rien n’y a fait, et c’est maintenant l’heure du lâcher prise après la haute lutte. Que reste-t-il ?
Il reste dans un demi coma, dans une conscience qui s’échappe, des yeux malades qui fixent un point dans le vide, il reste un bras épuisé qui s’élève, une main grise et déjà presque froide qui dans une grâce infinie mime une caresse, une véritable caresse d’amour.
Nous qui assistons à cette scène ne voyons qu’un mouvement vain dans le vide, pourtant, à bien y regarder cette caresse résume toute la raison d’une vie. Nous ne possédons dans notre petite existence que l’émotion que nous sommes capables d’éveiller chez l’autre et celle que nous sommes capables d’en recevoir, c’est peut-être même tout ce que nous produisons réellement. Le noyau de toutes nos années tient tout entier dans l’air qui frôle le dos de cette main quand elle dit : comme je t’ai aimé.
C’est à nous qui restons d’y faire honneur, cette fabuleuse découverte :

Nous ne possédons dans l’existence que l’émotion que nous sommes capables d’éveiller chez l’autre et celle que nous sommes capables d’en recevoir. Partant de là qu’attendons nous pour nous défaire de nos chaînes et choisir ce que nous voulons ou non garder. Tout ce qui nous entrave, nous bride, veut inhiber nos envies ne devrait pas avoir cours, puisque tout ce que nous emporterons vraiment tiendra dans le seul bonheur que nous avons eu et celui que nous avons travaillé à donner .
Sortir de la torture de nos ascendances, sortir de cet esclavage, s’accorder de vivre enfin dans sa propre vie.

la route

Il y a ces routes tracées qui ne figurent sur aucune carte, les routes dont personne ne connaît l’existence, moi seule. Les souvenirs du corps.
Ce ne sont ni ses virages, ni ses bifurcations, ni ses dénivelés qui les gardent en mémoire,, mais l’éveil soudain du désir, toujours aux mêmes endroits, au même moment.
C’est la dernière heure de la semaine, l’impatience quand la clé tourne, l’agacement aux feux, l’enthousiasme à l’entrée de l’autoroute, la musique dans la tête et le temps qui court à rebours. C’est la sourde excitation quand le jour décline, et soudain alors que le corps tout entier s’était rompu et résigné à la route, violemment, la conscience qu’Elle est toute proche, que le temps se compte en minutes à présent, c’est la certitude qu’il ne faudra plus longtemps avant de la respirer enfin ; et ce corps est brusquement à la fête, fi de la fatigue et des kilomètres monotones, la peau réclame ses noces, la chair palpite, c’est l’anarchie du désir.

Le plus dépaysant des voyages.

Et elles virent que l’anarchie était bonne, alors le septième jour...

discrétion assurée

Titre] Discrétion assurée [bold ; souligné]: de deux choses l’une, ou bien on se sent si isolée qu’on finit par prendre une maîtresse pour avoir quelqu’un à qui parler de sa femme, ou bien on vient causer sur le Dyke et déverser tout ce qu’on a sur le coeur, dans le corps, entre les oreilles...
ou bien, la première solution... [enter]
[enter]
[Ctrl + G]
[tab] soupir [tab] soupir [tab] soupir [tab] soupir ...
[fin message]


je suis montée dans ce train en espérant y dormir, le corps n’est pas tranquille, il est électrique, presque douloureux, bloqué sur la position « on », en veille, la diode clignote dans mon cerveau ; c’est une lumière minuscule, mais qui, dans l’obscurité de ma tête à présent éclaire de tous les diables. Rien ne m’apaise, un simple courant d’air sur la nuque m’est torture. J’ai un tambour de machine à laver sous le crâne , 900 tours minute, essorage.
Les époques se succèdent et s’agglutinent : j’ai déjà vécu ça ; la raison, la manière sont différentes, mais j’ai déjà vécu ça. Comme écrire toujours le même livre, en mieux chaque fois, les idées dispersées, maladroites du début avec le temps deviennent concises – pareil pour le désir.
Le désir dans le corps, même après les nuits d’amour, même avec l’épuisement, le désir à même la peau. Et l’interrupteur est resté coincé sur « on ».