mercredi, décembre 07, 2005

ascendance

Une leçon apprise au détour d’évènements curieux, et dont le sens n’éclate que maintenant. Etre prête à l’entendre... de soi-même.
Permettez que je vous transporte avec moi quelques instants dans le secret d’une chambre d’hôpital, pas même au chevet du malade, juste seulement dans cette chambre, assister à un spectacle de toute Beauté.
Le tableau n’est pas très ragoûtant c’est la maladie et la perspective de la mort, c’est l’incontournable impuissance qui nous colle au corps, être là, sans que ni présence, ni volonté n’y puisse rien changer. C’est la jeunesse dévorée de l’intérieur qui s’est longuement battue contre, qui s’est révoltée, débattue, qui a voulu nier, qui a hurlé, puis prétendu n’en avoir rien à faire, qui a ri de toutes ses dents de toute sa gorge, qui a jeté des regards affolés alentour, mais rien n’y a fait. Ensemble, vous avez attendu le miracle, rien n’y a fait, et c’est maintenant l’heure du lâcher prise après la haute lutte. Que reste-t-il ?
Il reste dans un demi coma, dans une conscience qui s’échappe, des yeux malades qui fixent un point dans le vide, il reste un bras épuisé qui s’élève, une main grise et déjà presque froide qui dans une grâce infinie mime une caresse, une véritable caresse d’amour.
Nous qui assistons à cette scène ne voyons qu’un mouvement vain dans le vide, pourtant, à bien y regarder cette caresse résume toute la raison d’une vie. Nous ne possédons dans notre petite existence que l’émotion que nous sommes capables d’éveiller chez l’autre et celle que nous sommes capables d’en recevoir, c’est peut-être même tout ce que nous produisons réellement. Le noyau de toutes nos années tient tout entier dans l’air qui frôle le dos de cette main quand elle dit : comme je t’ai aimé.
C’est à nous qui restons d’y faire honneur, cette fabuleuse découverte :

Nous ne possédons dans l’existence que l’émotion que nous sommes capables d’éveiller chez l’autre et celle que nous sommes capables d’en recevoir. Partant de là qu’attendons nous pour nous défaire de nos chaînes et choisir ce que nous voulons ou non garder. Tout ce qui nous entrave, nous bride, veut inhiber nos envies ne devrait pas avoir cours, puisque tout ce que nous emporterons vraiment tiendra dans le seul bonheur que nous avons eu et celui que nous avons travaillé à donner .
Sortir de la torture de nos ascendances, sortir de cet esclavage, s’accorder de vivre enfin dans sa propre vie.