lundi, février 08, 2010

La révision des 45000

La révision des 45 000 a révélé la présence de formes non conformes à l'origine dans mon intérieur pourtant coquet.

A ce rythme là, si tout le monde s'installe comme ça n'importe où, on va finir par manquer de place, je dois donc me résoudre à me séparer de quelques accessoires dont je n'ai pas un usage absolu.
Inutile de compter sur e-bay, il n'y a rien de plus à en tirer, d'autant que la pièce est défectueuse... sauf à trouver un collectionneur un peu pervers, ou un passionné accumulant des spécimen pour un hypothétique futur musée de l'homme, ou un taxidermiste fou... mais ça reste très improbable.
Aucun doute que le surnuméraire et son support vont atterrir de concert sur l'inox froid avant de glisser négligemment dans le container prévu à cet effet, qu'on emmènera dans un obscur sous-sol rejoindre d'autres déchets.
c'est tout l'avantage d'être un péquin moyen dont la notoriété se limite à son entourage - imaginons un instant que j'ai été une figure médiatique du genre qui bouscule l'équilibre hormonal de la jeunesse, il se serait très certainement trouvé un illuminé pour se procurer par tous les moyens ce "collector".
Mais, là, non!
Rien.
Trois p'tits tours...
revenez-nous voir !
l'Euthanasiste a été courtoise, précise et rassurante, mais m'a tenu le même discours que le Chir, y'a toujours des risques.
Il y a le risque de déraper et d'endommager la plomberie au passage... même si avec la garantie, on assure le service après-vente.
Et puis il y le risque que je profite de ce repos inespéré pour explorer des contrées interdites et que je les trouve suffisamment à mon goût pour m'y installer à demeure... même si heureusement, l'assurance.
J'ai beau être tout ce qu'il y a de raisonnable, j'y pense.

Au moins le cadre est-il remarquablement neuf cette fois-ci, bien loin de ma dernière expérience qui remonte à (merde déjà) 40 ans.
Au fond d'une salle commune vétuste et bruyante avec une quinzaine d'autres gamins; un retour à la conscience un peu space! chevilles et poignets sanglés aux barreaux du lit, les paupières hermétiquement closes par deux énormes coquards, la figure barrée d'un sparadrap qui tient en place deux mèches qui remontent jusqu'à ma gorge par mes orifices nasaux... allez, courage, prends-la ta première bouffée d'oxygène, ouvre grand et aspire... (c'est une fille !)

Enfin, pour le moment, c'est une fille...

vendredi, février 05, 2010

Le prix du sang

J'ai fait le compte, j'aurai passé 7 années de mon existence à saigner.
7 années c'est considérable, c'est le temps pour qu'un être venu au monde acquière la parole, le mouvement, les sentiments et le raisonnement et pour qu'il commence à s'envisager pour lui-même.
Dans quelques temps il n'y paraîtra plus, comme si de rien n'était: du passé.
On va juste ouvrir au niveau du nombril une fente minuscule, y passer quelques instruments, découper quelques chairs, évacuer et recoudre.
Au creux de l'abdomen, dans ce lieu que les femmes et les hommes ont investit de leurs rêves durant des millénaires : plus rien, un grand vide.
J'aspirais à la vacuité... la voilà qui s'approche d'un pas tranquille, inexorable.

Il faut voir le bon côté des choses: je ne saignerai plus jamais.
Et aussi, j'y gagnerai une flottabilité accrue.