dimanche, août 21, 2005

j'ai les yeux ouverts et je suis debout

Tu posais la question : Crois-tu que nos récits peuvent choquer des personnes sur Dyke ?

Pour ma part, je crois que le pire serait que les lectrices passent à côté du sens et c’est d’un autre côté ce qu’on peut leur souhaiter de mieux, pas vrai ?
Choquer ? le but n’est pas là. Mais, c’est un risque à prendre.

Quand je parlais sur le forum, il y quelques posts en arrière de l’amour inconditionnel qu’on est en droit d’attendre de sa famille, de ses ascendants, je voulais parler en fait de la notion de confiance qui devrait être associée à l’amour, celle qui nous permet de construire, celle qui nous procure ce sentiment d’avoir des bases et de pouvoir rester debout .

J’ai franchi la barrière, oui : mais il a fallu dire, redire, expliquer toujours, c’était resté comme un point central pendant des années, ça pourrissait tout.
J’avais ça dans mon bagage et je n’arrivais pas à me défaire de cette tristesse, de cette sensation que les plus belles choses finissent toujours par être détruites, les sentiments les plus profonds bafoués et que finalement rien ne sert à rien.
Je ne pouvais plus avoir confiance dans qui me disait « je t’aime », et j’ai certainement été injuste avec beaucoup.

Je crois, oui, qu’il faut témoigner, au moins dans une sphère intime, au moins sur le Dyke, non pas que le sujet nous appartienne, mais parce qu’il fait partie des expériences de certaines d’entre nous.

J’ai rompu toute forme de communication avec mes parents il y a 18 ans de ça, il me fallait ça pour survivre. Mais, en faisant ce choix, je me suis aussi coupé la route à quelque chose qui me paraît aujourd’hui essentiel, tout ce qu’on est en droit d’attendre d’une mère, d’un père, l’écoute, le conseil, le témoignage ; ça fait partie de s’éveiller, de s’éduquer, de se construire, et tout ça, il a fallu le faire quasiment seule. Ou peut-être le demander à la femme qu’on aime, mais c’est tellement lourd ! Comment leur en vouloir d’avoir lâché prise, de s’être lassées de ce questionnement perpétuel.

Et ce n’est tellement pas le propos d’un amour, je crois qu’il n’y a rien de pire que d’être cantonnée à un rôle qu’on n’a pas voulu, d’être confondue avec quelqu’un d’autre. Ca ne devrait rien avoir à faire au milieu d’une relation amoureuse, mais c’est tellement obsédant quelques fois, quand on est prise dans les filets de sa mémoire et qu’on se débat comme un animal.


Mais être là, être arrivée au-delà et dire, j’ai survécu, je ne suis plus en votre pouvoir, j’existe par moi-même et sans vous, j’ai les yeux ouverts et je suis debout. Je crois sincèrement qu’il faut le dire, pour toutes celles qui sont encore sur le chemin. Parce que chacune d’entre nous est une richesse pour les autres, un regard neuf.

samedi, août 20, 2005

je ne veux rien

ni velours, ni satin,
ni bulles, ni voiles,
ni famille, ni amis,
je ne veux rien
que l'alliance de ta chair
autour de mes doigts
tes cuisses à mes oreilles
et sur ma peau
ta voix qui murmure.

elle a dit:

"Il y a quelques semaines, j'ai croisé par hasard une femme dont j'étais amoureuse et qui se laissait désirer sans pour autant répondre à mes avances, ni dans un sens, ni dans l'autre. Elle m'a regardée ébahie et n'a trouvé à dire que cette phrase : "il y en a pourtant des rues dans cette ville". Puisse mon roman ressembler à cette scène. Etre comme une ville qu'on arpente sans en être jamais rassasié. Choisir sa vie comme on choisit sa route. Au hasard, par goût des tournants." (Cécile Vargaftig)