vendredi, novembre 24, 2006

leave

Avoir semé à tous vents, et ne récolter que le vivre
des heures n'avoir plus que quelques secondes à vide
un instant chassant l'autre, changer de perspective, lever les yeux.
Avoir en main sa solitude, la vacuité du monde
et souhaiter plus vide encore.
D'une vie contrainte, enclose, dans l'espace fermé de son corps
de ses pensées, lâcher le fil qui nous liait encore.
D'avoir tant rêvé, tant espéré, tant voulu.
Et voir froidement toute parcelle de ce rêve vous abandonner peu à peu.
Vouloir n'avoir jamais rien connu, rien aimé, rien attendu.
Atteindre l'heure incertaine du vivre, du lâcher-prise.
Avoir la certitude au fond du coeur, que rien n'a compté tout à fait,
à part les heures passées.
que tout doit être abandonné, remis, défait.
Et n'avoir plus ni larmes, ni sanglots, plus rien qui coule de soi.
Sècheresse, désert, vents froids.
A chaque silence de plus un mur plus haut s'élève,
et disparaissent
jusqu'aux souvenirs heureux.
Tout aurait pu tout aussi bien n'avoir jamais eu lieu.
Le bénéfice en serait le même.
Mourir à soi, faire son deuil des histoires avortées,
présenter un coeur vierge et presque refait
n'attendant que de battre.


croiser ces yeux qui vous ont attendue
qui vous fixent et qui vous attachent
tomber des nues
de tant de simples rêves
après tant de combats
être sortie vivante
Et ce premier regard quand on revient à soi
signe un ère nouvelle
un regard clair qui sur vous
tombe au meilleur moment
le temps de la trêve
se faire la paix et l'offrir en partage


l'argile est souple et douce, elle glisse à la main qui veut la saisir.
elle prend la forme du regard, du désir, l'épouse et puis se fige.
le visage prend vie, les traits s'ébauchent et puis s'affinent.
on en rajoute on en retire, la femme qui apparaît sous mes doigts pardonne tout.
les revirements, les sautes d'humeur, les erreurs de parcours.
elle change ses expressions, mais reste entière sous mes questions.

Il faut mouiller la terre pour qu'elle soit disponible, et pour la conserver bien la garder humide...

Tout ce que mes mains ont appris de toi que ma bouche n'a su dire, pousse la glaise au bout de mes doigts. Un relief ici, un creux là, ma caresse te transforme.
Qui d'elle ou d'elle, aussi, apparaît sous mon désir de te voir une fois encore.
Ce que j'ai pris de l'une et l'autre, engrangé, enseveli, s'inscrit alors sur la terre molle; résiste parfois.
Je cherche.
Le fil tendu du cou, le poids d'une paupière, l'ourlet d'une bouche entrouverte, sauront seuls dire le regard que je portais sur toi.
je n'ai pas le choix, je n'y suis pour rien.
Chercher...
sous la terre froide le fantôme d'une veine, la ligne juste qui donnera l'envie d'y poser un baiser de retrouvailles.

Chasser l'instant présent d'un coup de main, d'un coup de dent. Echapper à l'obsession du moment.
Je cherche la femme que je cherche.
quand je pose mes mains sur elle je ne sais rien encore, ni d'elle, ni de moi.
je bute sur son image et j'adoucis mes gestes, je n'ai pas le choix.
Elle ne se donne à moi qu'à cette condition : calmer tous mes tourments.
Comment fait-elle? Elle puise aux tréfonds jusqu'à mes sanglots d'enfants, jusqu'à mes larmes de joie.
Elle dit : si tu n'as pas la réponse, ne poses pas la question.
Elle me déshabille, elle me dépouille.
Je la laisse et je la reprends.
je ne peux pas être autrement que moi, mes mains sur son visage, sur sa peau mes doigts, jusqu'à ce qu'il y ait en elle un souffle.

dimanche, novembre 05, 2006

argile

vendredi, novembre 03, 2006

Ailleurs

Tu as trouvé ailleurs qu'en moi. c'est mon constat de mon échec à être aimée. Si j'ai eu une chance, je l'ai brisée: tu as trouvé ailleurs qu'en moi.
Le froid revient, Novembre sera glacial cette année. Les heures coulent goutte à goutte leur long chemin qui n'en finit pas.
Je brode les mots, pour rien, pour moi.
Tu as trouvé ailleurs, cette litanie, ce leitmotiv.
Tu passes peut-être des heures sombres ou peut-être des heures de joie, ton coeur s'anime.
Ailleurs qu'en moi ta vie, tes rêves, tes combats.
Si différente de moi, mais la terre est la même.

Des milliers de regards comme le mien, partout, mais je peine à trouver pourtant; j'ai le vide en moi, qui m'appaise, parce que je n'ai plus de rage, même plus cette colère à quoi m'accrocher, me raccrocher. des mots inutiles qui coulent de moi comme une humeur stérile, sans saveur, sans couleur, sans bruit.
La plume gratte et gratte encore, mais les mots, eux, ne disent rien qui vaille, j'ai trouvé le silence assourdissant, un silence vain.

Il me faudra faire le vide absolument et briquer les parois de ma vie jusqu'à ce que toutes traces aient disparu. Peut-être alors l'impulsion viendra-t-elle du dedans.
Plus d'engouement pour rien, plus de levée de boucliers, plus d'élans vers rien.
Une attente résignée du prisonnier dans sa geôle, qui croirait avoir été enfermé pour son bien et qu'un dessein supérieur et bienveillant aurait promis à un avenir plus glorieux, pour peu, seulement, qu'il se résigne à prendre toutes choses également sans révolte.

Au bout de quelques temps, la tristesse s'en va, devenue elle-même inutile. La tristesse n'est même plus ce rocher sur lequel reposer quelques instants pour mesurer le chemin parcouru. La tristesse n'est plus ce fil sensible qui attache encore en vibrant à un passé mal vécu, mais peuplé.

Non, l'horizon est vide du levant au ponant. L'horizon est vide à tous les cardinaux, aussi loin que porte le regard, dehors et dedans.
Force m'est de constater qu'il n'y a rien: pour de bon la traversée du désert, sans avoir pris le temps de saluer personne.