mardi, novembre 08, 2005

je ne savais pas

Je retiendrai mon amour et mes larmes
Je ne savais pas que tu étais lui
Mais comment pouvais-je l’ignorer ?
Par nos jeux, nos rôles, nos délires
Pourtant
Je ne savais pas que tu étais lui

Je voulais croire que comme moi
Simplement
Tu élevais des remparts contre le monde
Pour protéger la chair tendre qui nous travaille
Je n’ai pas vu jusqu’au fond de toi
J’y avais tellement cru pourtant

Je veux oublier ton corps lacéré, mutilé
Cette peau que j’ai tant caressée
Tu voulais t’en extraire
Je ne l’ai pas su
Comment ai-je pu être
Aveugle à ce point
A faire l’amour avec toi en pleine lumière
Je n’ai pas vu que tu étais lui

J’ai dans les doigts la sensation
De t’avoir trahi
De ne pas t’avoir vu je reste coupable
D’être restée à la surface des choses
Je n’ai pas su que tu étais lui

J’avais dans les yeux ta grâce
Ta splendeur
J’avais l’image de mes rêves
par dessus ton corps
toutes ces heures

je t’en ai voulu,
comme je t’en ai voulu
alors que j’étais moi-même un monstre
ta chair mutilée, lacérée, le sang
je sais maintenant
tu voulais pleurer des larmes d’homme

j’avais l’image de mes rêves
par dessus ton corps
toutes ces heures
je retiendrai mon amour et tes larmes
même si
je ne sais plus qui j’ai aimé.

lundi, novembre 07, 2005

Au fond du bus

Je n’étais plus un cas
Je n’étais plus une affaire
Je n’étais plus un dossier
Dans un tribunal
Je n’étais plus un lit
Dans un hôpital
Un cobaye psychiatrique
On ne m’enfermait plus
Derrière les barreaux .

Mais on veut ma peau tout de même.
J’entends les rongeurs grignoter
Petit à petit
Centimètre par centimètre
La vie ordinaire que j’avais construite.
On me remettra à ma place
Sur ordonnance
On me coupera la parole
On m’amendera
On mettra des conditions à mon bonheur

Qui nous divise règnera.
Sous les cagoules, n’importe qui
Et les coups pleuvront.

Avec des béliers, ils nous rentreront dans le lard
Tu peux me croire, on va y passer
Et quand nos lignes seront défoncées
De stupeur on tombera à genoux
On aura pas vu venir les coups.
Combien de temps pour se relever
Après ça.

Trop occupées à savoir qui
De celles qui sortent la nuit
De celles qui suivent leur bonhomme de ch’min
A trouvé la seule, la vraie
L’unique façon d’être lesbienne
Et ça chahute, et ça pinaille
Et ça se prend le bec.
Comme une seule femme on baissera la tête
Pour ne pas voir venir les coups
Combien de temps pour se relever
Après ça.

J’irai pas m’asseoir au fond du bus,
Moi non plus.
Je veux savoir qui est le chauffeur
J’veux voir arriver le virage,
Même si je dois me faire peur.