photophore
Est-ce que je t’aime toujours ou est-ce que j’ai seulement peur d’un avenir qu’il faudrait construire à nouveau de toute pièce, sur un sol mouvant ?
Les images les plus inattendues me reviennent par bouffées.
Dans ta cuisine, toi et moi de chaque côté de la table, face à face, à discourir, des sourires plein les yeux, et au milieu d’une phrase banale tu déclares « bon ! il faut qu’on fasse l’amour sinon ça va pas aller... » - ta charmante, ta merveilleuse poésie, mon amour.
Le photophore, en forme de soleil orange, ses larges rayons noirs dessinant des seins d’ombre au plafond, sur les murs de ta chambre. Nos rires. Ta place comme aucune autre au creux de mon épaule, ta main simplement posée là, sur mon ventre, tes pieds crochetant mes chevilles et cette sensation persistante qu’en ces moments suspendus rien n’existe de meilleur.
Que tout est consolé, toute peur, toute angoisse bannies du lieu. Que la nuit n’apporte toujours que paix, repos, complétude ; déjà en ces soirs tendres et complices, l’élan, l’appétit pour un nouveau jour. Demain qui commence au crépuscule de la veille. La porte du jour qui se referme sur les devoirs, les tracas, les contraintes et laisse nos corps s’adonner l’un à l’autre, comme s’il n’y avait rien de plus évident, rien de plus longtemps attendu.
Et l’amour qui nous vient sans plus penser à grand chose.
Tu es si fragile, je suis si perdue au matin de notre histoire d’amour.
Ta voix dans l’écouteur qui dit « pourquoi t’es pas là ? » me fait hurler contre le temps et l’espace, loin et demain, mes ennemis mortels.
Et la subtile torture de l’absence qui ranime tous feux en moi, toute brindille, tout nerf, toute terminaison sous ma peau ; l’enclos de mon corps où mon désir de toi est circonscrit.
Hier, pas si loin de nous, et pourtant.
Je te regarde apparaître sur l’écran, qui es-tu ? je te reconnais, et pourtant je ne te connais pas. Tu m’as abandonné chacun de tes jours depuis toutes ces années, mais tu ne m’as rien dit de tes secrets, nous étions si près l’une de l’autre, si intimement mélangées. Nous avons vécu comme si nous n’étions qu’une conscience bicéphale et que tout choix de l’une soit forcément le choix de l’autre. L’évidence comme philosophie a englouti nos regards émerveillés d’hier. Je ne vois plus chez toi que ce qui est prévisible, tu ne vois plus chez moi que ce qui est inévitable.
J’ai tiré la porte du bureau derrière moi, vissé mon borsalino sur mon crâne, campé mes mains dans les poches de mon manteau. Dans la vitrine de la Librairie du Tramway j’avise un livre sur l’Art Brut, ce sculpteur qui a exposé au Parc de la Tête d’or, je pense à te l’offrir pour te consoler de ne pas être allées le voir. Te faire cette surprise, et puis je me souviens brutalement que nous sommes séparées depuis quelques jours.
Je m’engouffre dans le métro, je rentre chez moi.
Les images les plus inattendues me reviennent par bouffées.
Dans ta cuisine, toi et moi de chaque côté de la table, face à face, à discourir, des sourires plein les yeux, et au milieu d’une phrase banale tu déclares « bon ! il faut qu’on fasse l’amour sinon ça va pas aller... » - ta charmante, ta merveilleuse poésie, mon amour.
Le photophore, en forme de soleil orange, ses larges rayons noirs dessinant des seins d’ombre au plafond, sur les murs de ta chambre. Nos rires. Ta place comme aucune autre au creux de mon épaule, ta main simplement posée là, sur mon ventre, tes pieds crochetant mes chevilles et cette sensation persistante qu’en ces moments suspendus rien n’existe de meilleur.
Que tout est consolé, toute peur, toute angoisse bannies du lieu. Que la nuit n’apporte toujours que paix, repos, complétude ; déjà en ces soirs tendres et complices, l’élan, l’appétit pour un nouveau jour. Demain qui commence au crépuscule de la veille. La porte du jour qui se referme sur les devoirs, les tracas, les contraintes et laisse nos corps s’adonner l’un à l’autre, comme s’il n’y avait rien de plus évident, rien de plus longtemps attendu.
Et l’amour qui nous vient sans plus penser à grand chose.
Tu es si fragile, je suis si perdue au matin de notre histoire d’amour.
Ta voix dans l’écouteur qui dit « pourquoi t’es pas là ? » me fait hurler contre le temps et l’espace, loin et demain, mes ennemis mortels.
Et la subtile torture de l’absence qui ranime tous feux en moi, toute brindille, tout nerf, toute terminaison sous ma peau ; l’enclos de mon corps où mon désir de toi est circonscrit.
Hier, pas si loin de nous, et pourtant.
Je te regarde apparaître sur l’écran, qui es-tu ? je te reconnais, et pourtant je ne te connais pas. Tu m’as abandonné chacun de tes jours depuis toutes ces années, mais tu ne m’as rien dit de tes secrets, nous étions si près l’une de l’autre, si intimement mélangées. Nous avons vécu comme si nous n’étions qu’une conscience bicéphale et que tout choix de l’une soit forcément le choix de l’autre. L’évidence comme philosophie a englouti nos regards émerveillés d’hier. Je ne vois plus chez toi que ce qui est prévisible, tu ne vois plus chez moi que ce qui est inévitable.
J’ai tiré la porte du bureau derrière moi, vissé mon borsalino sur mon crâne, campé mes mains dans les poches de mon manteau. Dans la vitrine de la Librairie du Tramway j’avise un livre sur l’Art Brut, ce sculpteur qui a exposé au Parc de la Tête d’or, je pense à te l’offrir pour te consoler de ne pas être allées le voir. Te faire cette surprise, et puis je me souviens brutalement que nous sommes séparées depuis quelques jours.
Je m’engouffre dans le métro, je rentre chez moi.
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